30/10/2025 ismfrance.org  4min #294899

 Mahmoud Abbas prépare sa succession et place Hussein al-Cheikh au cœur du pouvoir palestinien

L'Autorité palestinienne : existence et effacement au profit d'Israël

Ramona Wadi, 28 octobre 2025.- L'Autorité palestinienne semble déterminée à maintenir son régime illégitime. Alors que le chef de l'AP, Mahmoud Abbas, envisage un avenir où son poste serait vacant, il a  nommé le vice-président Hussein al-Cheikh à la présidence pour une période intérimaire de 90 jours, après laquelle des élections devraient être organisées. Aucune élection n'a eu lieu depuis 2006.

Le choix d'al-Cheikh (à gauche ci-dessus) par Abbas prolonge la complicité coloniale actuelle de l'AP. Son nom est synonyme de services de sécurité et de collaboration avec Israël. Un article de juillet 2023 paru dans Foreign Policy  s'ouvre par des félicitations à al-Cheikh, qui a été accueilli favorablement par le ministère israélien de la Défense, tout en juxtaposant ses activités de résistance antérieures à l'image soignée d'un « responsable globe-trotter et arborant une Rolex » qui œuvre pour empêcher l'effondrement de l'AP. Aucun de ces adjectifs n'aborde, de près ou de loin, la lutte anticoloniale palestinienne : de nombreux Palestiniens souffrent économiquement et leur liberté de mouvement est sévèrement restreinte, voire totalement anéantie.

C'est en regardant vers les colonisateurs et leurs complices internationaux que l'existence de l'AP prend tout son sens. Plus tôt ce mois-ci, lors d'une rencontre avec l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, al-Sheikh a  déclaré : « Nous avons confirmé notre volonté de travailler avec le président Trump, M. Blair et les partenaires pour consolider le cessez-le-feu, l'acheminement de l'aide, la libération des otages et des prisonniers, puis entamer le redressement et la reconstruction

De telles approbations de la part de l'AP ne sont évidemment pas rares. Il faut toutefois souligner que le maintien de l'existence de l'AP contribue également à l'effacement du peuple palestinien.

Al-Sheikh et l'AP ont approuvé la structure institutionnelle de l'Autorité internationale de transition pour Gaza (GITA) de Blair, qui élimine la participation palestinienne à leur processus politique. En effet, les acteurs extérieurs semblent être le mot clé du plan de Blair, et l'AP est vaguement  mentionnée, sans échéance, comme l'entité qui superviserait à terme « l'unification éventuelle de tout le territoire palestinien ». De quel territoire parle le document GITA ? Pour la communauté internationale et l'AP, une déclaration aussi générale constitue une bonne publicité. Pour le peuple palestinien, qui vit la réalité de la dépossession, de la violence coloniale et du génocide, le territoire devient une illusion. Blair propose une prolongation du gouvernement illusoire qui maintient l'existence de l'AP ; Al-Sheikh et l'AP ne refuseront pas une bouée de sauvetage, même temporaire, qui les protège d'un effondrement immédiat.

Mais la priorité doit être le peuple palestinien. Même si l'on confond souvent l'AP avec Ramallah, comme le souligne la diplomatie occidentale, Gaza a été affectée par les sanctions imposées par l'AP pour contraindre le Hamas à abandonner le pouvoir, tandis que les forces de sécurité de l'AP ont battu les Palestiniens de Cisjordanie occupée qui osaient protester contre ces politiques. Le génocide israélien à Gaza repose sur le même principe. Mais dans les deux cas, le dernier à un prix bien plus élevé, les Palestiniens ont été rendus plus vulnérables non seulement à la violence coloniale, mais aussi aux ingérences diplomatiques étrangères.

Le résultat final est toujours un gain territorial pour Israël. Alors que l'AP continue de concilier les deux camps par de prétendues réformes - des changements qui enracinent les rapports de force actuels sous une nouvelle forme - les Palestiniens sont menacés d'effacement, de leur territoire, de leur mémoire et de leur peuple.

Article original en anglais sur  Middle East Monitor / Traduction MR

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